Situé au deuxième étage du Mémorial de Falaise, ce premier espace traite de la période d’Occupation allemande en Normandie.
Cette partie décrit la spécificité de la France occupée : sa pesante administration militaire allemande, mais aussi la présence de ce que l’on appelle désormais l’« État français ».
L’ensemble des problématiques soulevées par l’Occupation est évoqué à cet étage : la vie quotidienne des Français, la répression de la Résistance normande, la persécution des populations juives ou encore l’exode.
L’Occupation allemande en Normandie
La visite démarre par un espace qui plonge les visiteurs dans les méandres d’une France occupée.
Dès la signature de l’armistice le 16 juin 1940, Hitler se donne pour objectif de piller la France. Il le fera avec tous les pays occupés.
La France, dont l’armée est dissoute, doit également s’acquitter d’une indemnité exorbitante quotidienne.
Une ligne de démarcation est imposée, partageant la France en deux grandes zones, dont l’une est libre. Il est impossible de franchir cette ligne de démarcation sans un laissez-passer – Ausweis.
Les Français, traumatisés, s’apprêtent à vivre des lendemains douloureux après la démobilisation et le retour des réfugiés dans leur foyer.
L’administration de la zone occupée est placée sous commandement militaire allemand. L’ensemble compte environ 140 000 femmes et hommes allemands pour une population française de 40 millions d’individus.
Durant les premiers mois de l’Occupation, l’image du soldat courtois avec les populations civiles est largement diffusée par la propagande grâce aux photos et aux films pris par les militaires des Propaganda Kompanien, comme ici dans l’Allier, en juin 1940.
Pourtant, rapidement, la population doit se battre pour se nourrir, tenter de vivre malgré les restrictions insoutenables et les pénuries.
Pendant plus de 5 ans, les civils ont résisté, enduré, souffert : famine, blessures, privations…
La vie quotidienne
Pour la grande majorité des Français, si l’Occupation allemande s’illustre d’abord par la restriction des libertés, elle s’accompagne également de difficultés dans la vie quotidienne.
Les troupes d’occupation pillent le territoire français de l’ensemble de ses ressources. Les dégâts causés par l’invasion allemande ont considérablement réduit la production industrielle et agricole. La pénurie de carburant immobilise les tracteurs dans les fermes. Les femmes font l’essentiel du travail pour pallier l’absence des hommes prisonniers.
Enfin, la France prend à sa charge les frais d’occupation de son territoire, elle doit fournir le gîte et le couvert aux troupes allemandes.
À l’automne 1940, pour faire face à la pénurie, une distribution de tickets de rationnement est mise en place.
Ils accordent des rations restreintes d’achats. Selon que l’on soit homme, femme ou enfant, les rationnements varient entre 1200 et 1800 calories. L’âge et le lieu de résidence sont également des critères pris en compte.
Dans ce contexte, le marché noir est inéluctable.
Tout peut désormais se négocier, à condition d’en avoir les moyens. Le marché noir va alors creuser le fossé des inégalités sociales et certains vont se saisir de cette occasion pour s’enrichir.
Pour autant, les populations civiles dans les années sombres aspirent à mener une vie « normale ». C’est ce que le Mémorial de Falaise illustre à travers des lieux qui rythment leur quotidien : une salle de cinéma, l’école du maréchal ou encore l’office de placement allemand.
La répression
En traversant ce couloir du deuxième étage, les murs dévoilent au fur et à mesure ce que fut la répression pour les civils pendant le conflit.
Dès son arrivée en France, l’autorité d’Occupation instaure son propre système judiciaire. Parallèlement, le gouvernement de Vichy se dote aussi d’un arsenal juridique pour juger et condamner ses opposants. Cette double répression, dont la Résistance sera l’une des cibles principales, devient encore plus efficace avec la création de la Milice, en janvier 1943. Par dizaines de milliers, femmes et hommes résistants et opposants en sont victimes : arrestations, incarcérations, tortures, exécutions ou déportations vers les camps de concentration nazis.
Joseph Étienne, dit « Jean », aidé de deux autres responsables de la résistance communiste du Front National du Calvados, sabote à deux reprises les rails au passage d’un train de permissionnaires allemands à Airan en 1942.
Les populations juives sont persécutées et soumises aux mesures d’exclusion instaurées par le gouvernement de Vichy, puis par les autorités allemandes. 65 000 femmes et hommes et 11 000 enfants juifs vont être déportés vers les camps d’extermination. Seuls 2 500 survivront.
L’opinion française bascule contre la Collaboration, du fait des rafles antisémites, de la répression policière, des rationnements et des premiers succès alliés sur le front.
Par ses sabotages et son travail de renseignement, la Résistance va se révéler d’une très grande utilité pour les Alliés, lors des débarquements de 1944 en Normandie et en Provence.
Le 16 avril 1942, des mesures sont prises par les autorités militaires allemandes dans le Calvados suite au premier sabotage d’Airan : couvre-feu de 19h30 à 6h ; bars et cinémas fermés à 18h ; rencontres sportives interdites. Exécution immédiate de 20 communistes et juifs ; 25 autres devant l’être par la suite. Déportation « vers l’est » de 500, puis de 1 000 communistes et juifs, si les auteurs ne sont pas arrêtés dans la semaine.